LE SAVON DE MARSEILLE | L’HISTOIRE

500 ANS D’HISTOIRE RÉGIONALE

Le savon prend ses origines aux confins de l’Antiquité, et c’est surtout à partir du VIIIe siècle, que le « savon d’Alep » fabriqué par les Phéniciens conquit l’Occident. Naturellement diffusé au sein des échanges méditerranéens, le savon conquiert l’Italie, l’Espagne et le sud de la France. Dès le XIIe siècle, notre région hérite des savoir-faire en la matière ; les premières savonneries sont ainsi créées à Marseille dès le XVe siècle et imposent leurs méthodes de fabrication sur l’ensemble de la région méditerranéenne.

L’histoire de la qualité rejoint une logique de richesses locales.

Dès le Moyen âge, la Provence, riche en oliviers, et sels de Camargue, bénéficie d’un accès direct aux matières premières nécessaires à la fabrication des savons, et en améliorant les qualités de la fabrication primale, Marseille s’impose comme leader d’un marché qui ne cessera de prospérer dès le XVIIe siècle.
1688 l’Édit de Colbert : Afin d’éviter les mélanges de graisses inappropriées, le célèbre édit de Colbert précise en 1688, que seules les huiles d’olive pures doivent être intégrées à la fabrication des savons de Marseille.
Mais le rude hiver de 1709 détruit les oliviers et les savonniers de Marseille sont obligés de se fournir
en huiles étrangères.
1790 : Nicolas Leblanc invente un procédé intégrant de la soude artificielle qui optimise les qualités de saponification.
Grâce à ce nouveau savoir-faire, les savonniers de Marseille inventent le meilleur savon du monde.
1811 : un nouveau décret oblige les savonniers à notifier les corps gras utilisés. Pour faire face à une demande exponentielle et mondiale, les savonniers de Marseille utilisent abondamment les huiles de graine arrivant facilement par le port de Marseille, et moins coûteuses que les huiles d’olive.

La diversification des matières premières devient la norme et se généralise

1829 : 42 fabriques produisent 40 000 tonnes de savons de Marseille.
Les savonniers anglais furent les premiers à initier l’usage des huiles d’arachide et de palme : elles s’avèrent moins coûteuses et concilient les exigences de qualité des savons de Marseille. Mais la France prend du retard sur ce procédé. Les savonneries de Marseille rejoignent pourtant ces méthodes et utilisent ces huiles de palme à partir de 1840.

1900 : le savon traditionnel marbré s’incline devant la qualité du savon blanc créé à partir des acides gras.

Les conservateurs se rendent à l’évidence : le consommateur a choisi. On ne peut pas continuer à proposer des savons de moins bonne qualité sous le simple prétexte qu’ils sont plus traditionnels.
En 1900, la production des savons blancs issus de la saponification atteint 120 000 t, contre 10 000 t pour les savons marbrés.